AVRIL

Dimanche le 5 avril 1998
Ca y est! Nous revoilà à l'heure avancée... Je me sens renaître avec le retour des jours plus longs. Sans compter que ce matin les enfants se sont levés à 7:30 am. Je sais ca ne change rien, mon horloge biologique indiquait tout de même une heure plus tôt, mais c'est moins déprimant quand l'oeil s'ouvre sur le cadran et qu'il est plus de sept heure, vous ne trouvez pas?
Je termine la lecture d'un petit roman tout simple, mais qui m'a remué comme il y a bien longtemps qu'un livre ne l'avait fait. "Comme la main sur la cuisse d'un amant" de Diane Denault. Cent quarante-et-une page d'émotions que bien des femmes reconnaitront et surtout apprécieront! Les messieurs aussi prendraient un plaisir certain à en faire la lecture et pourraient même en retenir quelques petites leçons...Je n'en dit pas plus espérant simplement avoir piqué votre curiosité.

Lundi le 13 avril 1998
Quel beau congé... Tous les éléments étaient rassemblés pour faire de ces derniers jours un congé fort apprécié. Aucun des enfants n'était affublé d'une petite maladie quelconque, la température superbe, le voyage vers Repentigny s'est déroulé relativement bien. Voyager avec quatre jeunes enfants n'est pas une mince tâche vous l'aurez deviné! Mais pour être honnête, ils sont de bons voyageurs pour peu qu'on les tienne occupés. Nous avons compté pas moins de 37 voitures rouges, 28 noires et 9 jaunes durant le trajet qui nous menait vers le "Sud". Au retour, aucune, puisque nous avons pris la route à la fin de la journée. Les enfants tout frais lavés et déjà en pyjamas, de sorte qu'à notre arrivée, quatre heures plus tard, il ne nous restait plus qu'à déposer chacun dans son lit.
Nous avons pleinement profité du beau temps en nous prélassant dehors. Samuel s'est trouvé un talent pour le badminton et nous a fait la démonstration qu'à son âge, nous sommes inépuisables! Laurent et Camille se sont liés d'amitié avec une grosse chenille, orange et noir, rencontrée au parc municipal et qu'ils ont trimbalé avec eux toute une journée. La pauvre fut remise en liberté au pied d'un arbre peu avant notre départ...
Ce matin, aussitôt le petit-déjeuner terminé, tout ce beau monde s'est retrouvé dehors à nouveau. A la fin de la journée les enfants avaient les joues rougies par le soleil printannier. La maman aussi!

Jeudi le 16 avril 1998
Je me sens renaître avec cette belle température des derniers jours. Je suis toujours le nez dans mes revues de jardinage. Mille projets en tête pour de nouvelles plates-bandes et l'aménagement qui devra compléter notre récente acquisition: une piscine! J'ai tellement hâte de pouvoir m'y baigner, je trépigne d'impatience...Je suis pire que les enfants! Et toute cette neige qui n'en fini plus de fondre à croire que c'est dans notre rue qu'il y en a le plus. C'est bien beau un terrain boisé mais la neige y reste beaucoup plus longtemps au printemps! Heureusement, j'ai la chance de bénéficier d'une verrière dans la cuisine. Toute cette lumière est idéale pour mes semis d'annuelles et mes boîtes à fleurs qui y prennent des forces avant de pouvoir prendre le grand air! Si une plante survit aux va-et-vient incessants des enfants, à leurs bousculades et aux "tripotages" en profondeur de Camille, elle peut surmonter les pires épreuves...
Psssst! Vous savez quoi? je m'ennuie de vous!

Dimanche le 19 avril 1998
Je ne suis pas vraiment du genre puritain. Mes enfants ont toujours toutes les réponses à leurs questions. Maintes fois je leur ai raconté l'histoire de la conception des bébés. J'utilise les mots justes notre bibliothèque est bien fournie en livres sur le sujet, adaptés à leur âge. Bref, ici dans cette maison un pénis est un pénis, des seins sont des seins et une vulve est une vulve...
Bien sur, au contact des petits copains de l'école leur langage s'est quelque peu "enrichi" de nouveaux mots plutôt drôles, puisqu'en général lorsqu'ils sont exprimés tout haut, ils provoquent quelques rires. (Totons, cul, boules...vous voyez le genre). Je me fais un devoir de reprendre mes enfants en utilisant les mots justes dans ces cas sans pour autant en faire tout un plat. Ils constatent qu'ici ces mots ne font réagir personne et perdent de leur attrait.
Ici, dans cette maison nous évitons les stéréotypes du genre: Ce sont les filles qui font le ménage et la vaisselle et ce sont les garçons qui sortent les ordures et tondent le gazon. Tous mettent la main à la pâte dans la mesure de leur disponibilité et capacité. Mes garçons font leur lit, rangent leur chambre, dressent le couvert... Bref, je fais mon possible pour ne pas élever de petits machos! J'ai toujours cru que ces derniers l'étaient devenus en grande partie par l'éducation reçue et les modèles véhiculés dans leur milieu.
Mais parfois les enfants nous étonnent. Prenez mon fils Samuel. Pas encore sept ans et pourtant plus macho que ca c'est difficile à battre! Il reçoit pourtant la même éducation et vit dans le même milieu que ses frères et soeur. Depuis quelques jours, il s'amuse à imiter les baisers passionnés que s'échangent les acteurs qu'il voit à la télé. Votre humble servante faisant office de cobaye. Jusque là pas de problème dites-vous. Mais là où ca se corse c'est quand il recule d'un pas à la fin du baiser et exhibe fièrement une ébauche d'érection! J'avoue que la première fois, un rire m'a échappé. Mal m'en fut, ayant trouvé une pitrerie de plus pour amuser la galerie, le Samuel voulu reprendre ses embrassades. Allez tenter d'expliquer le pourquoi du comment à un pareil clown!
Et depuis, je me demande si l'on ne nait pas macho? :)

Lundi le 20 avril 1998
Annie notre gardienne:
- J'ai quelque chose à vous annoncer...
Mon cerveau carbure à cent à l'heure pour tenter de deviner ce que sera cette annonce. Un frisson me parcourt la colonne. Ca y est Annie s'est trouvé un emploi plus rémunérateur. C'est surement ca regarde son sourire. Ou alors elle veut une augmentation de salaire. Ouf, la pauvre elle n'a pas choisie le bon moment. Avril annoncantpour nous, travailleurs autonomes, un appauvrissement majeur, en cette période des impôts! Na, ca ne peut pas être une demande d'augmentation, elle est avec nous depuis à peine deux mois. Elle a eu une demande en mariage de son fiancé! Oui, ca expliquerait ce beau sourire. Ah! ca doit être ca. Il faut que ce soit ca. Je me croise les doigts pour que ce soit une demande en mariage. Quoique... les mariages se font tellement rares de nos jours. Mouais, c'est n'est peut-être pas une demande en mariage. Je sais! Elle a décidé avec les économies qu'elle met de côté maintenant qu'elle a un bon emploi, très bien payé, de se gâter un peu et de s'acheter une voiture. Ah! la première voiture, c'est toujours un grand événement dans une vie. Je me souviens très bien de la mienne, une belle petite Honda CRX rouge vif!
- Je suis enceinte.
Les bras me tombent. Reçevoir une si belle nouvelle pour Annie et une si mauvaise pour nous dans une même phrase. Une autre course en perspective pour dénicher la meilleure gardienne au monde...Rien de moins pour mes enfants évidemment!

Vendredi le 24 avril 1998
Simon et Samuel se sont rendus chez la coiffeuse hier après-midi. Deux tondus! C'est fou comme les moeurs changent...Maintenant c'est le coco rasé qui fait fureur alors qu'il n'y a pas si longtemps ce n'était jamais assez long. Je ne m'en plains pas je constate seulement! Les voici mes deux tondus!

Dimanche le 26 avril 1998
Soirée au théâtre hier. Dans le cadre du 125 ième anniversaire de notre petit village une troupe amateure composée de 5 comédiens de la place, nous présentait hier en grande première, au centre communautaire, "La grande demande". Belle réussite! Était réuni pour l'occasion tout le "gratin" de la Paroisse et des villes et villages environnants. Plus de 300 personnes s'étaient déplacées pour l'événement. Je lève mon chapeau à ces individus qui ont mis beaucoup de temps et d'efforts afin de faire de cette soirée une belle réussite. Pas à dire, quand les gens s'impliquent ca donne de beaux résultats! Bien sûr, il y eut quelques petits blancs de mémoire, quelques petits fous rires, mais tout ca n'a fait qu'ajouter au charme de cette soirée.

Mardi le 28 avril 1998
Quelle belle journée ce fut... J'en ai bien peu profité hélàs! A la maison depuis dimanche soir c'est le branle-bas de combat pour dénicher une gardienne. Annie nous a téléphoné dimanche soir, nous annonçant qu'elle avait dû se rendre d'urgence à l'hôpital sa grossesse ne se déroulant pas comme prévue. Mamie nous fut d'un grand secours lundi, toute la journée en recevant chez elle les plus petits. Quant à moi, j'ai pris congé du bureau cet avant-midi afin de rester à la maison. Comme toute bonne mère j'aurais bien aimé profiter de cette petite vacance pour m'amuser un peu avec Camille mais les nombreuses tâches ménagères laissées un peu de côté ces derniers jours me culpabilisaient grandement! Camille et moi avons donc joué à faire le ménage et le lavage...Ce fut au tour du papa de prendre la relève pour l'après-midi. Demain, nous devrions retrouver notre petite routine.

Mercredi le 29 avril 1998
Vous vous y connaissez en thermo-pompe? Moi pas du tout jusqu'à tout récemment. Mais comme nous sommes présentement à magasiner pour trouver l'objet en question, lequel servira à chauffer l'eau de notre future piscine, je dois avouer que je serai experte de la thermo-pompe sous peu! Les BTU, compresseur, échangeur, coéfficient de performance, ampérage et autres bidules du genre n'auront bientôt plus de secret pour moi. Mais ce que je peux avoir hâte qu'elle soit enfin achetée et installée cette thermo-pompe qu'on puisse enfin passer à autre chose!
Il faisait chaud aujourd'hui. Déjà 12C à mon réveil ce matin. Je sais qu'en avril il ne faut pas se découvrir d'un fil mais j'ai passé outre le vieux dicton et ce matin, je me suis payée le luxe de ne mettre ni collant ni bas. Quelle merveilleuse sensation que celle de ne plus avoir à endurer pareille torture! Mon entourage s'est empressé de me faire remarquer que je faisais un peu "en avance" pour la saison, mais vous savez quoi? Moi j'étais bien!

Jeudi le 30 avril 1998
Mon déssert au souper ce soir a remporté un succès fou! Depuis deux jours que je le fignolais. Un tel déssert demande patience et grand art...Le premier matin, on verse la première préparation puis on refroidit une première fois. Le soir, on reprend le procédé à nouveau et on refait de même la journée suivante. Tout cela doit bien sur se faire en catimini afin que la surprise soit de taille le moment venu! Enfin, si vous voulez remporter vous aussi le titre de "la meilleure maman au Monde" ce qui n'est pas rien, je vous dévoile ici mon grand secret: Le Jello 4 couleurs! ;)